Renoncer à la carrière académique et au job de sa vie peut-être vécu par certains comme un véritable choc émotionnel. 

Les docteurs qui  quittent le milieu académique après plusieurs tentatives pour décrocher un poste,  vivent ce renoncement comme un terrible échec avec des sentiments de honte, de frustration, de colère et de chagrin. 

Au delà de la tristesse de devoir quitter le milieu dans lequel ils se sentent appartenir, et de quitter des amis et collègues passionnants, ils ressentent un profond désarroi intérieur parceque cela impacte leur identité et le sens qu’ils donnent à leur vie. Et cette perte identité et de sens est d’autant plus importante lorsqu’on a consacré tant d’années d’efforts pour atteindre son but.

Je me rappelle quand j’ai du partir après 5 ans de post-doc, j’étais toute déboussolée , je me posais un tas de questions 

qui suis-je maintenant que je ne peux plus prétendre être chercheuse? 

Quel est le sens de tout ce que j’ai entrepris jusque là? 

Puis-je devenir quelqu’un alors que j’étais destinée à devenir chercheuse en astrophysique? 

Pourquoi moi ?  

Qu’est-ce que je n’ai pas bien fait?” 

Quelle est ma contribution au monde maintenant que je ne peux plus faire de la recherche?

Il a fallu du temps (beaucoup de temps) avant de faire le deuil de ma carrière en recherche et de me reconstruire après ce changement important de ma vie.

Mais vous n’êtes pas obligés de galérer comme je l’ai fait.  Vous pouvez donnez du sens à votre nouvelle vie pro, la seule condition est d’accepter l’idée de de vous reconstruire une nouvelle identité et de vous ouvrir à de nouvelles possibilités. A partir de là vous allez découvrir des parties de vous-mêmes que vous ne soupçonniez même pas. 

Mon expérience m’a fait comprendre que pour réussir à créer un nouvel avenir, il faut d’abord accepter de traverser le deuil de la perte et ensuite d’entamer un travail sur soi pour aller de l’avant et redonner du sens à votre nouvelle vie.

Vous trouverez ci-dessous les trois étapes  qui peuvent vous aider à le deuil et vous reconstruire pour créer un avenir qui a du sens pour vous.

1. Réguler les émotions

Il est difficile d’avoir les idées claires lorsque l’on est submergé par les émotions, comme on peut l’etre au moment de quitter le milieu académique.

Que vous soyez impatient de reprendre votre carrière ou que vous soyez confronté à la peur du changement, la régulation de votre état émotionnel est une première étape importante. 

Il s’agit dans un premier temps de gérer vos émotions de manière à ce qu’elles deviennent moins intenses, sans pour autant vouloir les effacer complètement.

Comment ? 

Il y’a plusieurs techniques pour réguler vos émotions (ça sera l’objet d’un prochain article),  en voici quelques unes qui ont bien marché sur moi.

La méditation qui se base sur l’auto-observation. L’idée est d’aller dans un endroit tranquille, de fermer les yeux et de respirer profondément et d’observer sa respiration. Nous devons prendre conscience de la façon dont l’air entre dans notre corps pour en sortir un peu plus tard. L’étape suivante consisterait à étudier chacune des zones de notre corps pour identifier ce que nous ressentons en les parcourant mentalement. Le plus adéquat est de réaliser cet exercice tous les jours pendant quelques minutes. Il aide à développer le contrôle de soi.

Écrivez vos sentiments dans un journal ou un cahier. Il a été scientifiquement démontré que l’écriture expressive aide à donner un sens à ce qu’on est entrain de vivre  et à les accepter. Mettre des émotions sur papier peut également révéler les croyances et pensées négatives qu’on se raconte.

 Partagez votre expérience avec un ami de confiance. Si l’écriture ne vous plaît pas, parler de vos sentiments avec quelqu’un d’autre peut vous fournir une autre occasion de vous exprimer honnêtement et ouvertement. Le tampon de soutien social augmente également les sentiments de confiance et aide à compenser la négativité.

Faites de l’exercice physique 

L’activité physique aide à réduire les niveaux de cortisol et d’adrénaline présents dans votre corps lorsque vous vous sentez “menacé”, comme c’est le cas lorsque vous traversez le deuil de votre carrière.

Et surtout n’essayez pas d’éviter ou d’ignorer vos émotions en mettant en place des tactiques pour vous “’occuper” ”comme “regarder Netflix toute la journée”. Au contraire, il peut être utile de vous donner l’occasion de “ressentir” votre nouvelle situation, notamment en reconnaissant les émotions qui vous traversent. 

2. S’engager dans l’élaboration du sens

À partir d’une situation plus régulée sur le plan émotionnel, vous pouvez maintenant commencer à comprendre ce qui s’est passé, pourquoi et qu’est  ce que cela signifie pour vous. C’est ce que les psychologues appellent la recherche de sens. 

Ce processus peut vous redonner le sentiment de maîtriser votre situation.

Le problème quand nous expérimentons une perte d’une carrière ou d’un emploi, c’est que nous avons tendance à nous concentrer sur nos erreurs et sur ce qui n’a pas fonctionné, de sorte que nous nous limitons à une version réduite de qui nous sommes ce qui nous empêche de voir au-delà.

Au contraire, il faut prendre de la hauteur et regarder la situation sous un autre angle. Il faut recadrer  la situation qu’on traverse en travaillant sur soi, pour mieux la comprendre, la valoriser, et lui donner une direction. Pour redonner du sens à notre vie, il faut apprendre à tirer profit de nos expériences . Il nous faut bien utiliser notre capacité d’analyse et de réflexion, et notre jugement, pour résoudre nos incompréhensions et mettre de l’ordre dans notre vie. 

Quand je dis valoriser la situation, je veux dire développer notre capacité d’aimer soi-même et les autres, d’être ouverts à ce que la vie nous offre comme possibilités. Et enfin se donner une direction, j’entends par là  aller à la rencontre de ce à quoi l’on aspire, se donner un but, des objectifs, un projet à réaliser et renoncer au passé pour se concentrer sur l’avenir.

3. Expérimenter de nouvelles activités  

La création de sens est plus qu’une façon de penser. C’est aussi s’engager dans une série de petites expériences (pas toujours délibérées) qui vont permettre  de créer progressivement de nouvelles opportunités. Comme par exemple développer un ancien passe-temps, assister à une conférence ou accepter un poste d’interim ou faire du volontariat. Vous serez plus enclins à considérer cette transition de carrière forcée comme une sorte de catalyseur d’un changement nécessaire depuis longtemps ou comme un « cadeau » d’ouverture vers de de nouveaux milieux. 

Votre identité sera considérablement enrichie, renforcée ou élargie par toutes ces expériences.

C’est aussi faire le lien entre votre  travail et identité passés et votre réflexion sur l’avenir, en vous posant des questions plus constructives comme celles-ci :

« Qu’est-ce que j’ai apporté à ce travail qui m’a permis de le faire ?

Qu’est-ce que j’ai apporté à ce travail qui pourrait être utile à l’avenir ?

Quelles sont les parties de moi-même que je n’ai pas pu utiliser ?

Quelles sont les parties de moi-même que je souhaite développer ?

Dans quelle mesure ai-je apprécié ce travail ?

Dans quelle mesure était-il compatible avec mes autres exigences et centres d’intérêt ?

Qu’est-ce que j’aimerais voir de différent dans mon prochain emploi ?

Renoncer à la carrière de ses rêves ou quitter un emploi même si c’est très douloureux, cela nous oblige à changer. Quitter le milieu académique après votre doctorat est peut-etre  une chance inespérée pour vous de repenser ce que vous voulez et qui vous êtes, et de commencer à construire un chemin vers un emploi tout aussi, sinon plus, stimulant que celui dont vous rêviez pendant votre doctorat.

En réfléchissant à votre situation et en prenant des mesures pour voir ce qu’elle révèle, vous pouvez construire un récit de votre carrière et de vous-même qui servira de tremplin pour vos prochaines étapes.

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