En un sens, nous avons deux cerveaux : un qui réfléchit et un qui ressent. C’est l’interaction entre ces deux systèmes de connaissance qui construit notre vie intérieure.

-Daniel Goleman-

Quand j’ai quitté le laboratoire de recherche dans lequel j’ai fait mon dernier post-doc, je me souviens d’avoir pensé  “quel gâchis!”.

Un sentiment de vide intérieur s’est installé. Je ne savais pas qui j’étais ni ce que j’allais devenir.

Je n’avais envie de rien. J’avais du mal à me projeter dans un autre carrière que celle que je venais de quitter.

Pour moi c’était la “recherche” ou rien. 

J’étais meurtrie. Je passais de la tristesse à la colère. De la honte à la culpabilité. J’avais l’impression que plus rien n’avait plus d’importance pour moi. Et ça a duré un moment. Le problème c’est que je ne réalisais pas que j’étais dans un état dépressif.

Sachez que quelle que soit la raison pour laquelle vous décidez de quitter le milieu universitaire ou le milieu de la recherche,  il est important de comprendre que c’est une décision majeure qui s’accompagne généralement d’émotions très complexes. 

Vous pouvez vous sentir triste, en colère, frustré(e) et amèr(e), avoir l’impression de gâcher votre vie, de ne plus avoir de but ni aucun lien avec le futur. Vous pouvez vous voir comme un “échec”, éprouver de la honte. Vous pouvez culpabiliser de n’avoir pas fourni plus d’efforts face à l’enjeu. 

Quoique vous ressentiez,  sachez que c’est normal. Vous avez probablement voulu poursuivre une carrière dans le milieu universitaire depuis longtemps à ce stade, et vous vous sentez mal de ne pas y parvenir -même si vous reconnaissez que c’est finalement pas pour vous.  Vous êtes tout simplement entrain de vivre un gros changement dans votre vie. Bien que cela puisse prendre des années pour faire le deuil de cette perte et cesser de se sentir comme un échec, il existe une méthode qui permet d’accélérer le processus et de le rendre moins douloureux.

En effet, la réussite de ce changement dépend de la façon dont vous allez gérer vos émotions. Plutôt que de laisser ces émotions mélangées monter et confondre votre pensée, une pause intentionnelle est préférable. La pause ouvre des opportunités pour que les sentiments diminuent et qu’une résolution de problème plus claire émerge.  Comment? En développant votre conscience émotionnelle.

 La conscience émotionnelle ou en anglais Emotional awareness est une compétence que je vous encourage à cultiver si vous ne voulez pas être l’otage de vos émotions.

Je vous explique comment la développer dans la suite de cet article mais auparavant un petit rappel sur ce que sont les émotions. 

 

 

Je recommande chaudement cet excellent film d’animation Vice-Versa de Pixar qui traite des émotions et montre ce qui se passe dans le cerveau. Un beau film qui réhabilite les vertus de la tristesse aux côtés de l’énergie de la joie.

Les émotions c’est quoi ?

Peur, tristesse, colère, joie, dégoût sont des émotions que tous les êtres humains partagent. Ces émotions familières nous sont indispensables pour nous adapter au monde.  Plus de détails sur ce que sont les émotions, dans cet article https://je-reussis-ma-transition.com/emotions/ 

Les émotions,  entretiennent un dialogue avec notre corps, notre cerveau et notre environnement. Elles ont un rôle de protection et sont nécessaires à notre existence, à notre survie. Cependant, tout comme elles nous disent quelque chose sur nous-mêmes et sur les besoins que nous avons lorsque nous les vivons, elles causent aussi souvent du stress ou de l’anxiété si nous ne savons pas comment les gérer. 

Souvent face aux émotions douloureuses, notre attitude est de fuir tout ce qui peut les provoquer, par exemple la peur peut nous empêcher d’aller aux entretiens, de parler en public, d’éviter des personnes…

Et lorsque les émotions sont trop douloureuses, nous essayons de les compenser par des expériences plaisantes et réconfortantes comme regarder la télé, manger des gâteaux…C’est ce que j’appelle les tampons émotionnels. Mais nous savons que ce ne sont là que des stratégies d’évitement des émotions que nous n’avons pas su gérer. 

La conscience émotionnelle c’est quoi et pourquoi la développer?

La conscience émotionnelle c’est cette capacité à détecter nos émotions, à les observer et à prendre conscience des effets physiologiques qu’elles induisent.  Elle permet de prendre du recul sur les émotions en question et à les apprivoiser voire les anticiper.

Quand une émotion est déclenchée, nous sommes sous l’emprise de cette émotion, ce qui limite notre capacité à penser clairement et à choisir la réaction appropriée. 

La conscience émotionnelle nous permet de faire une pause avant de répondre et choisir une réponse qui sert le mieux nos objectifs.

La conscience émotionnelle c’est  aussi la capacité de reconnaître et de donner un sens non seulement à nos propres émotions, mais aussi à celles des autres. 

Identifier et analyser les émotions c’est-à-dire établir le lien entre l’émotion et la cognition, permet de prendre du recul et de mieux y répondre (au lieu de réagir) en prenant conscience qu’après tout le pire qui puisse nous arriver c’est juste des sensations physiologiques certes désagréables mais sans danger pour notre vie.

Développez votre conscience émotionnelle en 6 étapes

Étape 1: Tout d’abord accueillez l’émotion

Quand vous ressentez une émotion « désagréable » comme la peur, ne la fuyez pas, acceptez- la et accueillez- la sans la juger, et sans blâmer les circonstances ou les autres d’être responsables de votre émotion. 

Résister à l’émotion, ne fera que la renforcer. Souvent on essaie de faire taire l’émotion ressentie, parce qu’elle nous fait honte, c’est le cas par exemple de la jalousie ou de l’envie. Il est important de ne pas la renier, il n’y a pas de honte à ressentir ces émotions. Au contraire, on a tout à gagner à les prendre en compte afin de mieux comprendre ce qui se cache derrière elles. 

Accueillir ses émotions

Étape 2 : Évaluez et exprimez vos émotions

Observez  votre émotion, quelle est son intensité ? 

Puis, nommez la. Cela aura pour effet de réduire son intensité (je sens de la peur, de la tristesse, du dégoût, de la colère, de la rage, de l’envie… ). 

Ça a l’air simple comme ça, mais c’est pas toujours facile d’identifier l’émotion ressentie. 

D’après des études, toute sensation peut être ramenée à une émotion primaire et parfois derrière une émotion primaire se cachent plusieurs émotions cachées par exemple, derrière la tristesse, pourrait se cacher de la frustration, de la colère et de la déception. Il est important alors d’élargir votre vocabulaire des émotions.

Pour vous aider à nommer ce que vous ressentez, vous trouverez à la fin de cet article, une liste non exhaustive des émotions connues.

Étape 3: Décrivez les sensations au niveau de votre corps.

Observez-les effets de votre émotion dans votre corps.  Essayez d’identifier dans quelle partie de votre corps , la ressentez-vous, dans la gorge ? au niveau du coeur, du ventre ?

Longtemps j’ai cru qu’observer ces émotions ne faisait que renforcer les sensations désagréables, mais en fait non, au contraire, vous verrez que dès l’instant que vous commencerez à les observer, les examiner, la « pression diminue».

Étape 4: Interrogez-vous sur le véritable déclencheur de votre émotion:

Prenez quelques minutes pour découvrir pourquoi vous ressentez cette émotion. Posez-vous la question quel est le besoin non satisfait qui a bien pu la déclencher ou alors quelle est la croyance ou pensée qui se cache derrière ? Quel est votre discours intérieur, qu’est-ce que vous vous dites dans cette situation ? 

Ce qu’il faut savoir c’est que les émotions sont générées par notre façon d’interpréter les expériences. Que les circonstances et les expériences sont neutres, c’est seulement la signification que nous choisissons de leur donner qui génèrent en nous les émotions que nous ressentons. Nos émotions découlent de nos pensées et croyances et non pas des circonstances (je reviendrai dans un prochain article sur le lien entre pensées et émotions).

C’est l’étape, la plus intéressante et la plus délicate car cela nécessite de la curiosité et de l’honnêteté envers vous-même. 

Y’a t-il des schémas de pensées qui sont présents lorsque vous ressentez de la peur, de la honte ou de la colère ?  

Lorsque vous identifiez ces déclencheurs, vous pouvez commencer à explorer pourquoi ils ont autant de poids.

L’expérience n’est pas ce qui vous arrive, c’est la façon dont vous interprétez ce qui vous arrive. —- Aldous Huxley.

Étape 5: Déterminez comment vous pouvez utiliser votre connaissance de vos émotions pour prendre des décisions qui vous concernent et impliquent/impactent autrui. 

Par exemple, si j’ai peur d’aller à un entretien, au lieu de l’éviter, ou de le fuir, on décide de l’affronter en y allant quand même. Surmonter son émotion, en choisissant de ne pas la laisser nous contrôler, est une gymnastique qui peut paraître au début très difficile, mais vous verrez que plus vous vous exercerez, plus l’inconfort diminuera.

 On peut également avoir d’autres stratégies, par exemple exploiter la tristesse pour cultiver l’acceptation, la culpabilité pour amorcer un changement ou encore l’excitation pour se motiver.

La prochaine fois que vous ressentirez de la colère ou de la peur, reconnaissez que vous pouvez choisir la façon dont vous voulez réagir. 

Etape 6. Recherchez les émotions positives :

Les êtres humains attribuent naturellement plus de poids aux émotions négatives qu’aux émotions positives. C’est ce qu’on appelle le biais de négativité. Les émotions négatives, comme le dégoût, la colère et la tristesse, ont tendance à avoir beaucoup de poids. Les sentiments positifs, comme le contentement et la gratitude sont plus discrètes. Prenez  l’habitude de remarquer ces expériences positives, afin de renforcer votre résilience et votre bien-être. 

Pour conclure, La conscience émotionnelle est la baguette pour vivre une vie plus heureuse, la boussole qui vous guidera dans une meilleure connaissance de vous-mêmes et vous apportera un plus grand contrôle sur votre réalité.

Alors, qu’attendez vous pour commencer à pratiquer !

Bien sur gérer ses propres émotions n’est pas facile. Et quand vous traversez une période difficile, comme un deuil, votre capacité d’autorégulation émotionnelle peut en souffrir.

Vous aurez alors besoin d’une aide. N’hésitez pas à faire appel à un professionnel pour vous accompagner à surmonter vos émotions et à aller de l’avant. 

Enrichissez votre vocabulaire des émotions

Voici une liste (non exhaustive) des émotions à utiliser pour  nommer votre ressenti, plus c’est précis, mieux c’est!

Joie Colère Tristesse Peur Dégoût
Allégresse Agitation Abandon Angoisse Confusion
Amusant Agressivité Accablement Anxiété Culpabilité
Ardeur Amertume Agonie Appréhension Embarras
Contentement Aversion Anxiété Crainte Honte
Délectation Colère Cafard Détresse Humiliation
Enchanté Courroux Chagrin Écrasement Insulte
Entrain Cruauté Découragement Effroi Mépris
Euphorie Dégoût Défaire Horreur Mortification
Excitation Destruction Déplaisir Hystérie Pénitence
Extase Exaspération Dépression Inquiétude Regret
Ferveur Férocité Désappointement Méfiance Remord
Fier Frustration Désarroi Nervosité Répulsion
Gaieté Furie Désespoir Panique Répugnance
Heureux Haine Douleur Saut d’humeur Ecoeurement
Humour Irritation Égarement Secousse
Joie Jalousie Insécurité Souci
Jouissance Maussade Irrémédiable Tension
Jovial Mécontentement Malheur Terreur
Jubilation Mépris Mécontentement
Optimiste Outrage Mélancolie
Plaisir Rage Misère
Satisfaction Rancune Négligence
Sensation Répugnance Pitié
Soulagé Ressentiment Rejet
Triomphe Révulsion Seul(e)
Tourment Solitude
Vengeance Souffrance
Tristesse

 

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Bibliographie

Daniel Goleman « l’intelligence émotionnelle_Integrale » (Broché)

 

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