Vous avez obtenu votre doctorat et c’est tout naturellement que vous vous êtes lancé dans l’aventure postdoctorale.🥳

Sauf qu’aujourd’hui vous en êtes à votre 2ème voire 3ème contrat postdoctoral. Vous êtes rentré dans cette catégorie de chercheurs installés dans un postdoctorat longue durée.

Vous sentez peut être de la fatigue, le désenchantement s’installe; vous n’avez plus la même motivation qu’au début de votre thèse.

Vous ne pouvez pourtant pas faire autrement, vous vous êtes lancé dans cette course effrénée pour un poste permanent et n’arrivez pas à vous arrêter.  Pourtant la ligne d’arrivée semble s’éloigner et peut être même que vous commencez  à douter de faire partie du peloton de tête qui la franchira.

C´est comme si vous étiez sur un tapis roulant qui s’emballe et tourne sans interruption sans que vous puissiez le stopper.

Vous êtes sur ce que les Anglo Saxons appellent le « Postdoc treadmill« , le purgatoire du  chercheur en postdoctorat.

Si vous vous reconnaissez dans cette description, alors cet article peut vous intéresser.

L’éternel  apprenti

Après avoir obtenu le doctorat, vous faites peut être partie de ces nombreuses personnes qui ont fait un postdoc afin de pouvoir mener une carrière de chercheur indépendant au sein d’une université.

Le problème, c’est que initialement ces postes étaient sensés être temporaires, d’une durée d’un ou deux ans, et qu’il s’agissait en quelque sorte d’une période d’attente, en attendant que quelqu’un prenne sa retraite ou qu’un poste à temps plein se libère à l’université. 

Malheureusement, au fil du temps, le postdoctorat est devenu plus permanent pour de nombreuses personnes, c’est-à-dire que vous obtenez un doctorat, puis un contrat postdoctoral dans une université ou un institut de recherche. Ensuite, vous vous retrouvez pendant des années dans cette position de postdoctorat semi-permanent (postdoc treadmill)  alors que ça devait être juste un tremplin pour décrocher un poste permanent.  

Car je vous rappelle que le postdoctorat est sensé durer  une courte période en tout cas très limitée, le temps de montrer à la communauté que vous êtes capable d’autonomie, de trouver votre financement, de publier  et monter des collaborations avec d’autres chercheurs.

Malheureusement, souvent le chercheur se retrouve sur ce tapis roulant pendant des années – le plus long que je connaisse est une personne de mon entourage qui a accumulé près de 10 ans de contrats postdoc en vain. Moi même j’ai eu au moins 4 contrats et bourses pour continuer à faire ma recherche.

A force nous devenons unsorte d’assistants de recherche au service la recherche de quelqu’un d’autre. 😏

Et on finit par être perçu comme un éternel postdoctorant plutôt que comme quelqu’un qui cherche à devenir un chercheur indépendant. 

Ce phénomène a été documenté dès le début des années 2000, comme le montre cet article publié dans Science qui soulignait déjà cette tendance qu’ont les « postdoc à considérer leur poste comme un emploi semi-permanent plutôt que comme une période définie au cours de laquelle ils pouvaient faire avancer leur carrière« , c’est exactement la définition d’un postdoc treadmill. 

Il montre également que ces postdoctorats semi permanents sont souvent des postdoctorats financés par leur proviseur et ne sont donc pas indépendants.

En quoi est ce un problème?

Quand vous rentrez dans ce cycle ou vous enchaînez contrat après un autre,  vous êtes contents parce que vous avez obtenu de quoi  financer votre recherche, et il n’y a pas de mal à ça.

Mais prenez conscience que vous restez dépendant d’un financement de quelqu’un d’autre et cela ne vous mènera nulle part car vous vous contentez de travailler dur pour la carrière de quelqu’un d’autre, comme vous l’avez fait pour votre doctorat et d’autres postes universitaires.

Si vous en êtes à la recherche de financements,  un conseil, concentrez sur des contrats de recherche  que vous pourrez trouver par vos propres moyens et lancez  votre propre recherche universitaire indépendante.

Pour quelles raisons on reste coincé dans sa position de postdoc?

  1. Les programmes de doctorat recrutent de nouveaux doctorants pour alimenter les activités de recherche de leur faculté. Les universités ont besoin d’employés de laboratoire et d’assistants de recherche. Dans un processus égoïste et terriblement immoral, les programmes ne font pas assez pour dissuader les étudiants de s’engager dans des voies qui aspireront leur vie avec un travail plutôt subalterne et très peu gratifiant pour les dix prochaines années ou plus.
  2. Une fois que vous avez consacré une demi-décennie à votre doctorat, trop peu d’entre vous ont le courage de quitter le tapis roulant (lire également cet article sur le biais des couts irrécupérables). Vous vous imaginez que dans 2 à 5 ans, après un (autre) postdoc, vous pourrez peut-être obtenir l’un des rares postes de professeur.
  3. En outre, la plupart d’entre vous étiez d’excellents étudiants, et il vous est difficile d’accepter votre manque d’exceptionnalité en tant qu’étudiants diplômés et postdocs.

Comment descendre du tapis roulant?

Les postdocs étaient censés mener des projets de recherche indépendants avec l’aide de leurs mentors. De nombreux postdocs étaient soutenus par des bourses compétitives attribuées directement par les mentors, mais au fil du temps, ils sont devenus une partie intégrante de la bourse et de la recherche des superviseurs, ce qui constitue le plus grand avertissement que je puisse donner à un chercheur en postdoctorat. 

Alors, comment sortir du postdoc treadmill ?

Il n’y a que deux possibilités pour que l‘université ou l’unité de recherche vous aime et décide de vous garder

  • lorsque vous rapportez de l’argent 
  • et lorsque vous publiez des quantités incroyables de travaux dans des revues à fort impact factoriel. 

Mais pour cela, il faut s’assurer dès le départ que l’on demande ses propres subventions, son propre argent, que l’on construit sa propre carrière de chercheur et que l’on ne compte pas sur son superviseur principal pour obtenir de l’argent. 

Donc gardez en mémoire que si on vous propose un financement, ne vous précipitez pas dessus, ne vous dites pas que vous allez considérer cela comme une extension de vos recherches effectuées dans le cadre de votre  doctorat ou autre. 

C’est pas facile bien sur de refuser un financement, mais si vous voulez vraiment décrocher ce poste permanent dont vous rêvez, alors soyez vigilant sur le choix de votre contrat postdoctoral et son financement. Ne perdez pas de vue que votre objectif premier est de publier un maximum d’articles avec d’autres collaborateurs que votre superviseur (et des publi de qualité) et que vous êtes en mesure de rentrer de l’argent pour votre labo, département ou université.

Mais si vous ne remplissez pas les deux conditions ci-dessus, alors il est peut-etre temps de renoncer à décrocher un poste permanent et à considérer une transition de carrière. Pensez à vous faire aider si cette décision est trop difficile. N’hésitez pas à solliciter les services d’orientation professionnelle ou à des professionnels spécialisés dans l’aide à la transition hors du milieu universitaire.

Le mentors et les coachs en transition peuvent vous donner des ressources sur mesure pour vous aider à explorer d’autres options de carrière et à élaborer un plan stratégique.

Si vous avez aimé cet article, merci beaucoup de me laisser un commentaire et pensez à le partager aux doctorants et postdoctorants qui pourraient en bénéficier.☘

 

 

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