Le changement nous concerne tous. Heureusement, l’esprit humain est fait pour naviguer dans le changement, qu’il soit bon ou mauvais, et nous sommes plus capables que nous ne le pensons de gérer les changements inattendus qui se présentent à nous. Lorsque nous abordons le changement avec humilité et ouverture d’esprit, nous pouvons éviter de laisser la peur de l’inconnu nous empêcher d’embrasser le changement nécessaire et de créer un résultat plus souhaitable – et même plus heureux.
Savoir surmonter les changements importants de sa vie et rebondir est une compétence qu’on peut et qu’on doit apprendre à développer en tant que doctorants. Cette compétence s’appelle la résilience.
En tant que doctorant vous aurez à faire face à ces changements que ce soit:
➡ durant votre thèse, comme un sujet de thèse qui change;
➡ pendant votre postdoc comme un financement rejeté;
➡ ou encore durant votre transition de carrière comme un rejet de candidature,
il est crucial de faire preuve de beaucoup de résilience pour pouvoir s’accrocher, et poursuivre son chemin sans y laisser des plumes.
La bonne nouvelle c’est que vous pouvez apprendre à développer la résilience à condition bien sûr que vous preniez soin de vous et ayez confiance en vous.
Dans cet article je vais vous partager quelques clés pour ouvrir la porte vers plus de résilience.
⚠ Mais attention, être résilient, ce n’est pas balayer les soucis, ignorer les difficultés ou nier les problèmes.
Il ne s’agit pas non plus d’essayer de remonter la pente le plus vite possible après un gros revers.
Au contraire la résilience c’est accepter les contraintes et difficultés comme faisant partie intégrante de la vie et avoir la certitude de pouvoir sortir plus fort des temps de crises.
Qu’est-ce que la résilience ?
L’American Psychological Association (APA) définit la résilience comme la capacité d’un individu à maintenir une attitude positive, un bien-être physique et émotionnel, face à une adversité importante.
Personnellement je préfère celle-ci – La résilience est la capacité acquise de reconnaître les risques, de rebondir habilement et de s’assurer un solide bien-être physique, émotionnel et mental.
Autrement dit une personne résiliente surmonte les difficultés en utilisant ses ressources personnelles, ses points forts et d’autres capacités positives du capital psychologique comme l’espoir, l’optimisme et l’auto-efficacité.
Surmonter une crise ou un échec important grâce à la résilience est souvent décrit comme un « rebond » vers un état de fonctionnement normal. La résilience est également associée de manière positive au bonheur.
Dans le milieu professionnel on définit la résilience comme la capacité à s’adapter à un changement de carrière lorsqu’il se produit et, par extension, à s’adapter aux exigences du marché de l ‘emploi. L’éventualité d’une perte d’emploi inattendue ou d’un changement de carrière non désiré, ne devrait pas être la principale motivation des individus pour faire le point sur sa carrière.
Pourquoi est-ce important ?
En tant que doctorants, vous aurez toujours des moments où vous rencontrerez des blocages dans votre recherche ou que cela ne se passera pas comme prévu. Une thèse qui se passe mal, un dossier de financement refusé, une candidature au poste de MCF rejetée, un entretien pour un emploi qui s’est très mal passé. Le résilience est une compétence cruciale que vous devez apprendre à développer pour surmonter et rebondir, face à ces moments difficiles.
Considérer ces revers non pas comme des échecs, mais comme des occasions de tirer des leçons importantes et reconnaître comment faire les choses différemment et mieux la prochaine fois vous aidera à vous développer sur le plan personnel et professionnel – et à rester positif
Les cinq « shifts » à opérer pour développer sa résilience
J’ai récemment constaté que certains systèmes de croyance peuvent soit aider, soit entraver votre quête de résilience mentale.
Parfois, un changement d’état d’esprit, ou un nouvel angle d’approche, peut être exactement ce qu’il faut pour faire bouger l’aiguille et accroître votre motivation à surmonter les défis et à poursuivre vos objectifs jusqu’au bout.
Voici cinq déclics ou « changement d’état d’esprit » qui vont considérablement améliorer votre résilience mentale.
1. Redéfinissez l’échec
Votre vision de l’échec donne le ton à la façon dont vous gérez les déceptions dans la vie.
Une leçon essentielle que j’ai apprise en tant que doctorante ayant renoncé à sa carrière académique est que toute expérience réussie ou pas, nous enrichit.
Quand j’ai commencé à voir l’échec comme une occasion d’apprendre, de collecter des « données » à partir de ses erreurs et d’acquérir de l’expérience, j’ai arrêté de considérer que les années passées dans le milieu de la recherche n’étaient qu’une perte de temps et d’énergie.
Les grandes réussites se construisent à partir de grands échecs!
2. Transformez les obstacles en défis
Mon deuxième déclic à été sur ma façon de voir les obstacles. Plutôt que de les considérer comme des entraves à ma progression, j’ai changé ma perspective et j’ai décidé de les voir comme des défis à relever.
J’avais tendance à me mettre en colère ou alors à déprimer lorsque je rencontre un obstacle sur ma route. Pourquoi ? Parce que, j’avais tendance à considérer ces obstacles comme une attaque contre moi-même ou comme un obstacle qui m’empêchait d’atteindre mon objectif. J’avais la mentalité de victime et j’en voulais aux autres de me mettre des bâtons dans les roues. Dès lors que j’ai commencé à ne plus plus me lamenter sur le le fait que l’univers est contre moi, j’ai appris à regarder ces obstacles autrement et surtout j’apprenais à accepter ma part de responsabilité et à répondre de mes actions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises.
Apprenez à percevoir les obstacles comme des défis au lieu d’entraves et cessez d’avoir cette mentalité de victime qui vous empêche de progresser et affaiblit votre sens de la résilience.
Plutôt que d’être vaincu par un problème, choisissez de le regarder avec curiosité, tel un chercheur face à un problème à résoudre , vous augmenterez ainsi votre capacité à résoudre les problèmes et à aller de l’avant.
Par exemple, lorsque elle reçoit des critiques sur son travail, une victime peut répondre avec colère, nier ou excuser le résultat de son travail, voire se plaindre auprès de ses collègues et amis.
Adoptez une perspective de défi et considérez le problème comme une opportunité de croissance et comme une chance de vous améliorer.
En adoptant une perspective de défi vous commencerez à voir le problème comme quelque chose qui est arrivé « pour vous » et non “contre eux”.
Pour reprendre l’exemple ci-dessus concernant les critiques sur le travail d’autrui, une personne plus résiliente peut essayer de comprendre pourquoi la qualité de son travail n’était pas acceptable, elle va demander des commentaires supplémentaires sur la manière de s’améliorer et peut-être même demander des conseils à ses collègues.
3. Cherchez à comprendre les émotions, plutôt que de les écarter
Un changement d’état d’esprit important se produit lorsqu’une personne modifie son point de vue sur la valeur de l’expression émotionnelle.
En tant que chercheur(e) scientifique, j’ai longtemps pensé que les émotions sont inutiles et qu’elles sont à l’opposé des faits et de la logique. Pourtant, des études ont montré que les émotions ont un effet bénéfique sur le raisonnement logique et qu’elles jouent un rôle essentiel dans la prise de décision. Apprenez à considérer les émotions comme des signaux importants plutôt que de les ignorer.
Apprendre à reconnaître ses émotions et à les contrôler est la première étape vers le développement de l‘intelligence émotionnelle.
Un tel état d’esprit peut vous aider à mieux vous remettre d’un choc émotionnel et vous éviter de sombrer dans la dépression et l’anxiété.
4. Anticipez le changement au lieu de le redouter
Vivre constamment dans la crainte du changement peut être paralysant.
J’ai souvent espéré que rien ne change, que tout demeure à jamais tel que ça a toujours été. Je n’acceptais pas l’impermanence des choses. Mon 4eme déclic je l’ai eu à la mort de mes parents qui m’a vraiment fait prendre vraiment conscience de l’impermanence des choses. J’ai alors changé mon attitude, j’ai appris à lâcher prise face aux aléas de la vie et au changement. Plutôt que d’espérer que le changement ne se produise pas, j’ai appris à me préparer au pire et à diversifier les risques – tout en espérant le meilleur.
Plutôt que de redouter le changement et de le fuir, apprenez à l’anticiper.. Reconnaissez que le changement est inévitable, mais que la façon dont il sera géré ne dépend que de vous-mêmes.
5. Contrôlez votre dialogue intérieur et recadrez vos pensées
Le 5ème déclic et le plus important pour moi c’est quand j’ai compris que nos pensées créent notre réalité et que tous les résultats que nous obtenons dans notre vie dépendent de nous, et plus précisément, de nos pensées, de nos émotions, et des actions qui en découlent. Ainsi lorsque j’échouais à une candidature, je me disais « pourquoi te fatigues-tu à candidater, tu n’auras jamais un poste. Tu ne le mérites pas ». C’est bien plus tard que j’ai pris conscience de ce dialogue interne et son impact sur ma carrière.
Au lieu d’être découragé, déçu, en colère, et de ruminer les raisons pour lesquelles vous vous êtes trompé, échoué. Au lieu de vous traiter grand imbécile, en vous disant comment as-tu pu te planter à ce point, tu échoues toujours, tu es nul. Pensez à pratiquer le modèle ABCDE décrit dans cet article.
Le modèle ABCDE permet de déconstruire un « problème » spécifique et de comprendre comment vos « croyances sur ce qui s’est passé » vous ont amenés à vous sentir d’une certaine manière, et non l’événement lui-même.
Cela permet de mieux prendre conscience de vos propres réactions et d’acquérir les compétences nécessaires pour réagir de manière plus saine face à l’adversité.
Le but est de reconnaître les schémas de pensée défavorables ou pensées automatiques que vous entretenez puis de les remettre en question .
En comprenant le problème, vos croyances sur le problème, les conséquences de ces croyances et l’écart entre vos croyances et le problème lui-même, vous vous sentirez énergisé et prêt à relever le prochain défi plus ouvertement.
Conclusion
La résilience est une compétence vitale. Elle vous permet d’affronter les changements inévitables et de rebondir face aux épreuves comme une thèse difficile, des financements refusés ou des candidatures rejetées. Elle vous permet également de réussir votre transition de carrière si vous quittez le milieu académique.
En adoptant ces changements d’état d’esprit, vous pouvez développer votre résilience mentale et vous épanouir dans votre parcours académique et hors académique.
Alors, prêts à relever les défis avec résilience ?
Que pensez-vous de la résilience après avoir lu cet article ? Si vous l’avez trouvé utile merci de le partager.